C'est la rentrée ! Et avec le retour à l'école de tennis, les derniers tournois estivaux et l'actualisation du classement, les joueurs et joueuses se précipitent chez… leur spécialiste, évidemment !
Art of Tennis est allé à la rencontre de trois d'entre eux pour leur demander comment se passe la rentrée dans leur magasin avec, d'un côté, les traditionnels changements de cordage et, de l'autre, les achats de raquette.
Aujourd'hui, direction Tassin-la-Demi-Lune dans l'Ouest Lyonnais, chez Espace Tennis, où Philippe Houtmann nous raconte l'« actualité » du cordage avec le retour sur les courts.
→ Je suppose que le changement de cordage est un grand classique de la rentrée…
Oui, on a beaucoup de cordages à faire, 15 à 20 par jour… Il y a un peu de tout. C'est la rentrée, quoi (rires) ! Et, comme toujours, on corde à fond les manettes en fin de semaine.
Les joueurs s'y prennent souvent à la dernière minute, avant leurs matchs du week-end… On essaie de les inciter à anticiper et, pour les compétiteurs, à avoir toujours une raquette cordée dans leur sac thermique.
→ Les joueurs de tennis accordent suffisamment d'importance à leur cordage ? On a parfois l'impression qu'on s'intéresse principalement à la raquette…
Plutôt, je trouve. C'est clair, la raquette, c'est le châssis, et le cordage, le moteur. Ma raquette sera meilleure si mon cordage est bon et bien choisi.
On explique aux joueurs pourquoi il faut changer régulièrement son cordage, mais nos profs sous contrat font aussi beaucoup de conseil et de suivi. On informe, on explique, on parles des bobos possibles, mais on n'a pas vraiment de pédagogie poussée à faire.
Les joueurs discutent entre eux, avec les profs… Tout est question de communication et c'est aussi ce qui fait la différence par rapport aux grandes surfaces généralistes.
→ Quel impact ont les variations de température sur la qualité du cordage ?
Tout dépend du cordage en question. Le monofilament réagit moins bien qu'un multifilament qui réagit moins bien qu'un cordage naturel.
On donne les conseils habituels : bien mettre sa raquette dans sa housse, ne pas la laisser dans le coffre de sa voiture en plein soleil, mais dans un endroit tempéré… Mais la température a aussi un effet sur les balles. S'il fait froid, la balle est plus dure ; s'il fait chaud, elle est plus souple.
Enfin, les périodes de tournois : au printemps et à l'été, les joueurs tapent plus, c'est la période des tournois. Ces trois critères fonctionnent ensemble.
→ Certains joueurs attendent que leur cordage casse pour le changer. Mauvaise idée, non ?
Ça dépend du cordage. Cela dit, Babolat avait fait une analyse il y a quelque temps : si je joue une heure au tennis par semaine, je change mon cordage une fois par an ; si je joue deux heures, je le change deux fois par an… et ainsi de suite. C'est une moyenne, mais je la trouve plutôt pertinente.
Certains cordages ne cassent jamais, ils se détendent et le joueur le sent dans son bras. C'est comme si on sautait sur un trampoline pas tendu, on est obligé de pousser avec les jambes. C'est pareil avec la raquette ; si le cordage est trop détendu, on est généralement obligé de forcer pour frapper.
→ Quand on casse trop souvent, ça vient de quoi ?
C'est la friction des cordes entre elles lorsqu'on lifte, mais aussi le décentrage. Mais j'insiste : il n'y a pas que des cordes qui cassent, il y a les cordes qui se détendent.
→ On imagine qu'il faut prendre avec des pincettes les cordages qui visent avant tout la durée ?
Oui, ce sont des cordages dont il faut se méfier, notamment en fonction de l'âge du joueur. Moi, je n'en pose jamais aux ados, en-dessous de 14-15 ans. Et puis, il faut aussi tenir compte du poids de la raquette : je n'en pose que sur des raquettes à 290 grammes minimum. En-dessous, non.
Ce serait incohérent : mettre un cordage rigide sur une raquette légère, physiologiquement, ça ne fonctionne pas.
→ Le boyau, c'est un cordage que vous vendez encore ?
Pas aux jeunes (rires), mais, oui, on en vend. Les cordages en boyau sont plus onéreux, mais c'est la corde la plus noble, évidemment. Les jeunes n'y sont pas éduqués, mais je les conseille quand je connais mon client. Ceux qui veulent du toucher, du contrôle, qui frappent à plat…
→ Et le cordage hybride ? Concrètement, c'est quoi l'intérêt ?
Personnellement, je trouve que c'est avant tout un phénomène de mode. Certains apprécient parce que ça leur permet d'avoir plus de toucher qu'en tout monofilament, plus de confort dans le bras et moins de casse.
Pour les ados, ça peut être une entrée en matière, mais s'il s'agit d'un jeune qui joue régulièrement, il cassera quand même souvent.
→ Vous avez déjà eu des demandes particulières en matière de cordage ?
Oh, il y a toujours les grands manitous de l'Internet, ceux qui ont lu que Roger inverse son hybride et qui réclament la même chose. Ils savent tout sur tout, sont les rois du monde… mais reviennent le lendemain la queue entre les pattes (rires) !
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